La maladie :

Qu’est-ce qu’un myélome ?     (Sources : International Myeloma Foundation)     (site : www.myeloma.org)

C’est à l’origine une cellule (le plasmocyte) qui est normalement présente dans le sang (environ 5%). Cette cellule est formée de deux paires de chaines remarquables. La paire inférieure ou “chaines lourdes” peut être de cinq types (A, D, E, G ou M), la paire supérieure, dite paire de “chaines légères” peut être de deux types, kappa ou lambda. Elle peut subir une mutation génique et devenir de ce fait maligne (plasmocyte tumoral).
On défini le myélome par la détermination des types de chaines qui composent le plasmocyte. Une majorité de personnes atteintes vont présenter un myélome de type IgGκ (pour immunoglobuline à chaîne lourde de type G et chaîne légère de type kappa) ou IgGλ tandis que d’autres, dans une moindre mesure, auront un myélome de type IgAκ ou IgAλ. Les autres types sont bien plus rares.
Une part de ces myélomes ne produit pas de chaines lourdes. On parle donc de myélomes à chaines légères ou myélome de type « Bence Jones ». Il existe aussi des myélomes sans production de chaines d’immunoglobuline, ce sont alors des myélomes non excrétant (ou non secrétant). Par ailleur, on trouve chez certains patients, un excès de chaines légères dans les urines.

Les différents stades du myélome :
Le taux de présence des cellules tumorales (plasmocytes malins) permet de définir les différents stades de la maladie. La classification de DURIE et SALMON caractérise le lien qui existe entre ce taux et les signes présentés par la maladie.

Table de classification de Durie et Salmon :

Stade (masse tumorale)

Critère

Qté de masse tumorale

 

Stade I (faible masse)

Tous les critères suivants :
- HB > 10 g/dl.
- Calcémie normale.
- Radio osseuse normale ou une seule lésion.
- Taux de protéine monoclonale faible
(IgG< 50 g/l, IgA < 30 g/l, BJ < 4g/24h)

 

0,6 x1012/m2


Stade II (masse intermédiaire)



Ni stade I, ni stade II

 



0,6 à 1,2 x1012/m2

 

Stade III (haute masse)

Un ou plusieurs des critères suivants :
- HB< 8,5 g/dl.
- Calcémie > 12 mg/dl.
- Lésions osseuses importantes (éch. 3).
- Taux de protéine monoclonale élevé.
(IgG > 70 g/l, IgA > 50 g/l, BJ > 12 G/24h)

 

> 1,2 x1012/m2

Sous-classification (A ou B)

A : Créatinine ≤ 20 mg/l
B : Créatinine ≥ 20 mg/l

 

On évalue l’agressivité du myélome en se basant sur les différents paramètres biologiques que sont les facteurs pronostiques.

Tableau des facteurs pronostiques :

Examen

Interprétation

β2-microglobuline. (β2m)

D’autant élevé que la maladie est avancée.

Albumine sérique.

D’autant plus bas que la maladie est avancée.

C-réactive protéine. (CRP)

Augmente avec l’activité de la maladie.

Lactate déshydrogénase. (LDH)

Augmente avec l’activité de la maladie.

Anomalie chromosomique dans les plasmocytes tumoraux.

Les anomalies du chromosome 13 sont associées avec une rémission plus courte.

Les examens diagnostiques :
La détermination de la maladie et de son stade d’avancement, s’effectue à partir d’un ensemble d’examens cliniques.

1) Le myélogramme :
Utilisé  pour définir le pourcentage de plasmocytes présents dans la moelle osseuse.

2) Les tests sanguins :
Ils sont pratiqués sur différents plans.
a) Numération – formulation sanguine.  Afin de détecter une anémie, il est fait un comptage des globules blancs et des plaquettes.
b) Biochimie. Utile à la détermination de l’atteinte des reins (créatinine), le taux de calcium et le dosage LDH (lactate déshydrogénase, pour quantifier l’activité du myélome).
c) Analyse protéique. Pour révéler la protéine monoclonale.
- Electrophorèse sérique. Utile à la mesure du taux de protéine monoclonale et de l’albumine.
- Immunofixation. Définie le type de la protéine myélomateuse (chaine lourde et chaine légère).
- Présence de chaines légères libres. Pour mesurer le taux de chaines libres.

3) Les tests urinaires.
a) Electrophorèse sérique.
Révèle, le taux et le type de protéine myélomateuse dans les urines.
b) Immunofixation.
c) Présence de chaines légères libres.

4) L’analyse osseuse : Utile à définir l’atteinte osseuse par la maladie, existe sous forme de :
a) Radiographie. Pratiquée sur le squelette entier, permet de montrer les lésions lytiques, les fractures, l’ostéoporose.
b) IRM. En cas de radiographies normales ou pour apporter des précisions sur une radio, il peut mettre en évidence une atteinte des tissus mous, non visible sur une radiographie.
c) Scanner. Utilisé pour préciser certaines lésions.
d) Scintigraphie osseuse. Ne sert pas dans un myélome.
e) Ostéodensitométrie. Utile à la mesure de la perte osseuse et au contrôle de l’amélioration en cas de traitement aux biphosphonates.
f) TEP Scan ou PET Scan. Procédé d'imagerie qui permet de visualiser le fonctionnement d'un organe. L’abréviation "TEP" ou "PET" signifie "tomographie par émission de positons".
On injecte un produit radioactif dans le sang qui est détecté par la caméra de l'appareil PetScan. Les cellules atteintes absorbent plus ce produit que les cellules saines et ainsi apparaissent colorées sur les images.

Les traitements du myélome :
Recommandés dès le stade symptomatique et ou actif du myélome, le degré d’urgence du traitement varie suivant les signes cliniques et biologiques présentés par le patient.

Tableau des différents traitements :

Type de traitement

objectif

exemples

délai

D’urgence

Lutte contre les symptômes engageant la survie du patient

Plasmaphérèse
Hémodialyse
Lutte contre l’hypercalcémie

Heures ou jours

De support

Soulager le patient dans
 sa vie courante

Irradiation d’une atteinte osseuse menaçante

Jours ou mois

D’induction

Amélioration, ralentissement ou arrêt de l’évolution de la maladie

 

Semaines ou mois

curatif

Rémission permanente *

Greffes de moelle osseuse permettant la chimiothérapie à haute dose.

Semaines ou mois

* Jamais définitivement confirmée, elle demeure cependant l’objectif de nombreux essais thérapeutiques.

Les traitements d’induction :

Ces traitements visent à obtenir une bonne réponse du patient sous forme d’une rémission de plus ou moins longue durée. Ces traitements sont sélectionnés en fonctions de différents critères définis par les médecins au cours d’un dialogue avec le patient ainsi qu’en fonction de l’impact de la maladie sur la vie du patient (travail, âge du patient, tolérance à la chimiothérapie, prévision de greffes de cellules souches, etc.).

Tableau traitements d’induction :

Traitements

Avantages

Inconvénients

VAD
 (Vincristine/
Adriamycine/
Dexaméthasone)

- Rémission chez 70% des patients.
- Respecte les cellules souches              normales.
- Permet la greffe de cellules souches     ultérieurement.

- Pose d’un cathéter central.
- La vincristine a une toxicité neurologique.

MP

(Metphalan/Prednisone)

- Prise orale.
- Bonne tolérance.
- Rémission chez 60% des patients.
- Protocole connu des médecins.

- Atteinte possible des souches      médullaire et compromission de   greffe ultérieure.
- Délai d’action sur plusieurs mois.
- Inadapté à une réponse rapide ou   une greffe.

Thalidomide

- Prise orale.
- Réponse chez 70% des patients.
- Non disponible en France hors
  essais thérapeutiques.
- Permet la greffe ultérieure de                 cellules souches.
- Associable à d’autres principes            actifs (dexaméthasone, MP).

- Neuropathie.
- Thrombose Veineuse.

VELCADE®

- Réponse chez plus de 60% des         patients.
- Non disponible en France hors              essais thérapeutiques.
- Permet la greffe ultérieure de                 cellules souches.

- Toxicité neurologique.
- Thrombopénie transitoire.

Dexaméthasone

Taux de réponse proche de ceux du VAD.

 

Toxicité des corticoïdes à forte dose.

Autres traitements :
Le cyclophosphamide (endoxan) ou le VP16 (vépéside) associés dans :

VBMCP
(protocole M2).
VMCP/VBAP
(Protocole du SWOG).
ABCM
(protocole MRC britannique).CVAD
(protocole pré-greffe)

- Action plus rapide que le MP.
- obtention de rémission de meilleure      qualité ?

- Plus toxique.
- Bénéfice à long terme non formellement démontré.
- La toxicité peut compromettre la qualité de vie ainsi que l’éligibilité  à de nouveau essais      thérapeutiques.

Les traitements associés :
Dans un but d’amélioration de la qualité de vie du patient, différentes mesures peuvent être mises en œuvre.

1) Tableau des  traitements supportifs :

Symptôme

Traitement

Commentaire

Fatigue due à l’anémie

-Transfusion, si sévère.
- Sinon érythropoïétine (EPO)

- Traitement simple.
- Amélioration rapide.
- Possible inefficacité de l’EPO.

Douleurs osseuses

- Biphosphonates.
- Antalgiques.

- Symptôme majeur du myélome.
- Nécessite une prise en charge rapide.

Fièvre ou signes d’infection

- Antibiotiques.
- Facteurs de croissance (G-CSF).

L’antibiothérapie peut être une véritable urgence. Sinon un bilan durant la recherche de cause est essentiel.

2) Autres moyens d’amélioration de la qualité de vie du patient :
Parallèlement aux différents traitements une action sur le mode de vie du patient peut être mise en place.
a) L’activité physique.
Elle doit être compatible avec l’état clinique du patient (atteinte osseuse notamment) et pour cela, déterminée avec le médecin. La marche, la natation, la gymnastique peuvent être envisagées.
b) La Nutrition.
Il n’existe pas de régime spécifique dans le cadre d’un myélome. Toutefois il convient de prendre des précautions en ce qui concerne un apport à haute dose de vitamine C
(atteinte rénale).
c) Adaptation du mode de vie à la maladie.
Il faut si possible envisager des ajustements familiaux, professionnels en fonction de la prise en charge thérapeutique qui doit demeurée la priorité absolue, jusqu'à obtenir une rémission ou au moins une stabilisation de la maladie.

Importance du dialogue médecin – patient :
Le médecin peu adapter son dialogue avec le patient en fonction de l’attitude de ce dernier face à la maladie. Certain malade souhaite avoir une connaissance de tous les aspects de sa maladie alors que d’autres peuvent ne souhaiter connaître que le cheminement qu’ils vont avoir à suivre durant leur soins. Afin que ce dernier puisse prendre une ou des décisions adaptées, il importe qu’il soit éclairé de la manière la plus complète possible pour pouvoir décider en connaissance de cause. Cependant il importe pour celui-ci d’exprimer très clairement son désir de connaissance de sa maladie auprès de son médecin afin que ce dernier puisse orienter efficacement son dialogue.

 Quelques questions (à voir avec les spécialistes) facilitant la connaissance du problème du myélome.

- Comment est constitué le traitement ?
- Quels sont ses objectifs ?
- Quelle en est la durée ?
- Quelles en sont les contraintes ?
- Quel suivi et ou programme d’entretien est envisagé ?
- Quelle est l’efficacité du traitement envisagé ?
- Quel genre de rémission peut-on en attendre ?
- Sur quelle durée ?
- Quelle durée de survie médiane peut-on en attendre ?
- Quelles sont les alternatives en cas d’échec ?
Sont autant de questions qui peuvent êtres abordées au cours du dialogue médecin – patient. Il importe toutefois de garder à l’esprit qu’il n’y a pas à l’heure actuelle de guérison possible du myélome. Ce qui fait ressortir l’importance de la décision de traitement qui dépendra donc essentiellement des choix et priorités du patient.

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