Re-bonjour à toutes et tous.

Après quelques mois de silence, me revoilà sur la ligne. Ayant fini de philosopher sur ma vie pendant la maladie, je me suis dit qu' il serait peut-être intéressant pour vous de suivre une nouvelle étape de mon avancée avec cette maladie, après...
Depuis ma rémission (voir la page "vivre avec"), il s'est passer quelques grands moments. En premier lieu, ma reprise de travail.

Première étape : Pourrais-je reprendre ?
Cela s'est fait simplement. Ayant voulu reprendre un semblant d'activité, je me suis tourné vers les médecins habilités à autoriser ou non cette reprise, ainsi que d'autres personnes directement concernées.
- Le staff médicale du CHU de Nantes, afin de savoir si je pouvais envisager ou non de reprendre et surtout sous quelles conditions.
- Les médecins experts de mon milieu professionnel, qui eux aussi ont leur mot à dire (relativement aux contraintes et impératifs de métier).
- Ma p'tite femme ; Après tout elle est quand même directement concernée par cela.

Sauf que dans mon métier, le mi-temps thérapeutique, on ne connaît pas, disponibilité permanente, et quelques autres joyeusetés du même style,obligent.

Je suis donc formateur en mécanique aéronautique et cela sous-entend que par ailleur :
- Je suis mécanicien,
- Je manipule des produits plus ou moins "toxiques",
- Je suis amené à utiliser des outils plus ou moins contraignants (chocs, vibrations, rayonnements, etc).
- Je manipule des charges parfois conséquentes (en poid et ou en volume),
- Je peux très bien être sous des horaires peu communs,
- Je peux me retrouver en des lieux géographiques, pas vraiment propices, pour quelqu'un qui est dans les mêmes conditions physiques que moi.

On voit bien que ces conditions ne sont pas les plus idéales à reprendre mon boulot ! Concrètement, mon métier de mécanicien, c'est quasiment fini, jusqu'à nouvel ordre ! (dure la nouvelle). Mais , heureusement pour moi, avant mon petit problème, j'étais passé à la formation des mécaniciens. Ce qui veux dire que dans le cadre de cette fonction, les contraintes énumérées ci-dessus ne sont plus valables (ou trés peu).

Le résultat de tout cela fait que mon hématologue de Nantes me donne son accord pour une reprise partielle ou "négociée", les médecins de ma profession ayants étudié mon "dossier" me donnent leur accord à une reprise à temps complet mais seulement à mon poste de formateur et enfin, ma p'tite femme me dit "OK mais mollo !"
(elle me connait vraiment bien). Conclusion, en route pour la reprise !

Deuxième étape : Le jour du retour.
Reprendre contact avec la vie professionnelle n'est pas la période la plus simple à accomplir. Il faut renouer avec des repères et ou des références qui avaient été perdus durant la phase de maladie. Reprendre ses habitudes, ses réflexes d'avant est parfois compliqué par le fait que lorsqu'on est malade, le monde ne s'arrête pas pour autant de tourner. Ce dernier ne vous a pas attendu durant ce temps ! Je me retrouve donc à mon ancien boulot et là les surprises commencent.

- Les collègues :
Leur accueil a été tout simplement génial (rappelez-vous, ils gardaient le contact). Génial de par le fait que je suis arrivé au bureau comme si je l'avais quitté hier !
Génial car personne n'a cherché à "déguiser" son comportement vis à vis de moi et génial enfin car je n'ai fait l'objet d'aucune "curiosité malsaine" relative à ma maladie.
Le premier accueil : " Tiens voila enfin celui qu'on attendait depuis deux ans ! ". Difficile de faire plus simple ! Et voila que tout le monde me serre la pince ou me fait la bise sans autre formalisme. Là j'avoue avoir été scotché. je m'attendais plus ou moins à une forme de malaise mais non, le monde continu à tourner !

- Le "patronat" (mes boss) :
S'ils étaient tous dans le même esprit, reprendre une vie active serait sans doute beaucoup plus facile pour beaucoup d'entre-nous.
Pour ma part, du plus bas au plus haut de mes chefs, tous m'ont fait un accueil qui ne pouvait que me rassurer dans ma reprise.
D'aucun pourra dire que cette situation n'est pas la même pour tout le monde, ce que je concède sans difficulté, mais pour moi cela s'est bien passé comme cela.

- Mon état d'esprit dans cette reprise :
Dire que cela va être simple de reprendre serait mentir. Une fois sur le site, les questions me sont venues.
-Vais-je y arriver ? Deux années sont passées depuis mon arrêt initial (06 juillet 2006) est ce que je serais toujours apte ? Deux années d'interruption dans une vie, ce n'est rien, mais dans la vie professionnelle cela peut être une éternité.
- Le recalage sera t-il facile ? De toute façon, ces deux ans sont à rattraper. Mais dans quelle mesure (connaissances, méthode, changements dans le système) ?
- Vais-je retrouver mes points de repères (habitudes, amis, les mêmes collègues) ?
- Pourrais-je tenir le coup (stress, fatigue, limites physiques) ?
Et bien d'autres questions qui se sont ajoutées au fur et à mesure.

Troisième étape : Je me lance.
Cà y est, j'y suis ! Je retrouve mes collègues, mon bureau, je retrouve mes bouquins, classeurs, crayons et tout le toutim. Rien n'a bougé depuis mon départ !
Cela fait une impression étrange, comme si l'on m'attendait sans qu'il n'y ai eu cette maladie. Mais il manque quelque chose ! Certains de mes collègues de boulot ne sont pas là ! Eh oui ! Deux années font que le monde bouge, les collègues aussi "peuvent bouger". Certains sont partis ailleurs sur d'autres boulots, etc ...
Autre chose aussi à changé. La charge de travail. Deux années ont faits que cette charge n'est pas allée en diminuant, bien au contraire ! Les nouveaux concepts de l'aéronautique, les besoins et impératifs du métier ont fait que la demande de formation a été revue à la hausse, en quantité comme en qualité.
Traduction, il a fallu que je m'adapte ! Et moi, je n'ai pas encore pris ce virage, je vais donc devoir l'emprunter A.S.A.P (As Soon As Possible).
Je ne vais pas m'étaler ici sur cette remise en question personnel sur mon boulot, mais sachez que l'on y arrive avec du temps et de la volonté (après tout il y a plus grave !).

Du fait de ma fragilité immunitaire, il a été décidé que je ne ferai plus de face à face pédagogique (je ne ferai plus de cours) jusqu'à nouvelle ordre.
Là ça fait mal ! Ce passage vers la formation a toujours été pour moi un but et le point d'orgue de mon métier. Enlevez le nonos à votre chien (pour ceux d'entre vous qui en ont) et vous verrez la tête qu'il va faire ! Pour moi, c'est pareil ! j'ai eu "les boules". Par chance, j'ai pu acquérir des compétences avant ma maladie. Ces compétences me permettent de définir un cours, d'en définir le contenu (format, forme, méthode). Il me reste au moins ce concept pour pouvoir exercer mon métier.

Au bilan :
- Plus de mécanique (les mains dans le cambouis, dur pour "un graisseux", fini les prises de tête à trouver des solutions),
- Plus de contact avec une classe (pour un formateur, difficile de faire pire !),
- Du boulot en plus mais ça j'aime (sauf que, comme l'alcool, allez-y modérément),
- Une grosse remise en question personnelle (cela se fait tout de même, au prix d'un effort raisonnable).
Mais au moins je vais pouvoir m'éclater dans la création de cours et autres concepts de formation ( cf : ma petite pensée ; Gardons ....).
Finalement tout n'est pas si noir en ce bas monde. Je suis toujours là et je retrouve mon boulot, mes potes et mon ambiance pro tels que je les avais quitté il y a longtemps.

Quatrième étape : Qu'est ce que je vais bien pouvoir faire ?
C'est bien beau de reprendre mais quand je vois les restrictions qui me tombent dessus, Quel va être le boulot que je peux faire ?
Lors de ma prise de compétence en création de cours (2004), j'ai eu pour sujet de mémoire de fin de formation, un thème qui, à l'époque, ne m'a pas montré tout de suite l'intéret qu'il pouvait présenté. la création et l'adaptation à nos formations du domaine des facteurs humains appliqué aux mécanos. Hormis la complexité de ce domaine, nouveau pour moi, celui-ci touchait en fait à beaucoup d'autres domaines qui quand je les relis aujourd'hui, font que l'on change obligatoirement son mode de pensée et sa perception de la vie (aux plans psychologie, physiologie, sociologie, etc...). Aujourd'hui, le monde de l'aéronautique est à un tournant important de son existence. L'harmonisation au plan international de ses méthodes de formations, de travail et de contrôles en matière de sécurité.
Autrement dit, vu que ce monde change, il faut changer les axes de formations. C'est grosso-modo le travail qui m'a été dévolu.
Forcément, je ne vais pas révolutionner le système et je ne vais pas à moi seul tout recaler selon ces impératifs. Cependant ce projet m'est attribué par mes chefs !
C'est maintenant à moi de coller à ce job du mieux possible en fonction des attentes. Challenge de haute volée s'il en est, il n'en est pas moins passionnant.

Cinquième étape : Pendant ce temps, comment je supporte ?
Finalement depuis ma reprise cela ne va pas trop mal. Les seuls grands changements qui se sont fait remarqués sont que :
- On ne tient plus aussi bien la route qu'avant (hé oui ! on vieilli et avec deux autogreffes, la carcasse en a pris un coup),
- On se fatigue beaucoup plus vite (la machine devient plus récalcitrante),
- On relativise beaucoup plus (forcément, après avoir subi ce que l'on a pris durant la maladie),
- On accepte moins le défaitisme (il a fallu se battre pour "s'en sortir" et si on l'a fait, pourquoi pas d'autres).
Plus concrètement, il faut reconnaître que l'on n'a plus les mêmes capacités qu'avant.
Le physique a parfois du mal à suivre selon le rythme qu'on lui impose. Il en ressort qu'il faut sans cesse veiller à se ménager et à doser son activité en fonction de son état. La fatigue arrivant plus vite, mieux vaut donc diminuer son rythme de travail (en terme de mise de coeur à l'ouvrage). Les petits soucis de la vie courante sont moins marquants qu'auparavant (du moins à mes yeux). Après être passé où on est passé, on est relativement plus "zen" (est-ce si grave ?). Ma position envers le défaitisme étant une partie de ma personalité, je ne parle donc que pour moi-même. Si j'avais baissé les bras, peut-être ne serais-je plus là. Si je compare les contraintes d'un job à celles de ma maladie, sont-elles supérieures ? La question reste ouverte, mais pour ma part c'est non. Donc j'avance.

Sixième étape : Les contres-coups arrivent.

Enfin les vacances de fin d'année sont arrivées. Une paire de semaines en congé, en famille cela va faire du bien !
Oui mais voila ! Les conséquences de la maladie sont toujours là. Ces conséquences sont indirectes mais bien réelles. Bien que je sois en rémission (cela dure toujours, chouette), il n'empêche que du côté des défenses immunitaires, je continue à faire du yoyo avec mes globules blancs. Un coup je suis au standard, un coup leur nombre dégringole sans prévenir. Heureusement, je suis toujours sous antibiotiques (heureusement ?). Ce qui fait que je suis relativement aidé. Noël se passe donc à peu près correctement horis mes habituels coups de fatigue et je peux donc en "profiter". Mais voila que ma foutue bronchite perpétuelle (cela fait un mois qu'elle dure), se rappelle à moi. Du coup je vais rendre visite à mon médecin qui me délivre donc une ordonnance en conséquence. Et c'est parti pour une "crève carabinée".
Oui mais voila ! Qui dit "crève" dit aussi baisse des globules blancs (saut erreur de ma part). Mon taux se casse donc la figure. Le 26 décembre j'enchaîne une grippe. Retour chez mon médecin et nouvelle prescription. Sauf que là, je me retrouve avec un médicament qu'apparement je ne supporte pas. Le 27, je prend ce médicament et je réagis plutôt violamment à cette prise. Enchainement de sensations de chaud et de froid et de suées, montée en flèche en température (39,5°), vomissements et perte de notion de la réalité (je déconnecte). Traduction, on fait le 15 (vingt minutes sans réponse, pas glop !), on se rabat sur les pompiers (là par contre cà drope sévère !) et résultat, évac en urgence sur l'hopital le plus proche. De là, 3h aux urgences (les personels sont extra et ils ont un boulot de fou) puis transfert en médecine interne pour observation. Arrivé dans ce service, j'ai à faire à un médecin qui ne prend pas de risques car suite à un contrôle sanguin, il apparaît que je suis à la limite de l'aplasie (environ 500 en globules blancs). De ce fait, il décide donc mon placement en chambre d'isolement pour parer aux risques d'infection. j'y resterai 5 jours à attendre que mes globules remontent. On ne sait pas aujourd'hui d'où provient cette presque aplasie. Ce qui est sûr c'est que je suis toujours relativement fragile aux virus et autres saletés. Cela signifie donc que même en rémission on ne peut pas prendre de risques. On n'est plus le même après la maladie.
Donc, si vous-même êtes dans une situation identique à la mienne (malade ou en rémission), NE PRENEZ AUCUN RISQUE ! Au moindre petit doute, Go chez le médecin, voire si nécessaire hopital directement . On ne peux plus jouer avec notre santé.
Le toubib qui m'a suivi pendant cet épisode a vraiment joué la sécurité à fond. En effet dès le début il s'est mis en relation avec mon hémato du CHU de Nantes (bonjour à lui et encore merci de son travail envers moi), afin de définir quelle stratégie tenir. Après chaque contact, ce même médecin m'a informé de l'évolution. Cela me permet de dire qu'assurement on peut faire confiance à ces hommes et femmes, en blanc. En guise de cadeau de fin d'année, il m'a fait rentrer à domicile le 31 décembre. Ainsi j'ai pu passer le nouvel an en famille, merci à lui.

Le bilan final de cette histoire est que je vais devoir passer par des injections d'immunoglobuline afin d'aider mon système immunitaire à me protéger des virus et autres vilaines petites bêtes. Cela sera l'occasion de rajouter quelques infos de ma situation future.
Je vous dit donc à plus tard et vous souhaite à tous une bonne et heureuse année 2009. Qu'elle vous apporte tous ce que vous pouvez désirer et surtout "gardons le moral, après tout il y a plus grave".